[Concours] Ecris-moi un mouton... euh une nouvelle!

Il était apparu au seuil de la porte, avait frappé trois fois. Trois coups assez distincts, mais pourtant avec de plus en plus d'insistance. J'allais ouvrir.
L'homme était rond; ses joues, son visage, son ventre, ses mains, ses jambes,... Tout chez lui aurait pu lui donner l'apparence d'un ballon que l'on aurait modelé à sa guise. Mais il était laid, et je le dis franchement, le simple fait de l'avoir vu m'avait déja dégoûté de cet homme. Néanmoins, il était inutile de juger sur son apparence, je le laissai donc parler. Il me questionna avec une voix qui, ma foi, me parut plutôt gentille et douce:
-Avez-vous déja travaillé aux Cieux?
Il me prit une certaine envie de lui rire à la figure. Blaguait-il? Là n'était pas la question. Mais quoi qu'il en soit, voir ainsi ce petit ballon modelé, avec un sourire chaleureux et une voix calme et posée, qui plus est, semblant tout à fait sérieux, comme si le fait de dire une telle ânerie était quelque chose d'intelligent, les yeux pétillants d'avance à l'idée que j'allais lui répondre quelque chose, me donnait l'envie soudaine de rire. Ce que je fis, d'ailleurs. Mais il continua à sourire, et eut même un léger gloussement, faisant rebondir ses joues gonflées à bloc, formant un petit cratère. Il dit:
-Oh, c'est ce qu'ils font tous! Personne ne me croit! Vous êtes-vous déja demandé comment le vent se formait?
Je rit d'autant plus et, avec quelques subresauts, répliquai:
-Ah ah.. Bien sûr, si l'on suit la définition générale...
Le sourire de l'homme sembla disparaître. Pire; son sourire se transformait en rictus. Rictus qui me fit assez peur, me donnant l'envie soudaine de lui claquer la porte au nez. Je m'appretai à dire quelque chose, mais lui se lança à ma place:
-Au diable les définitions!
Il avait lancé ses deux mains en l'air d'un geste brusque, et c'est tout juste s'il ne m'avait pas frappé au passage. Cependant, il sembla se rendre compte qu'il venait de faire quelque chose d'idiot, c'est pourquoi il passa une main dans ses cheveux gras, réajusta sa cravate, et me regarda avec l'air de celui qui s'apprête à dire qu'un des membres de la famille est mort...
-C'est ce que disent les scientifiques, n'est-ce pas? Mhh... Je m'en doutais!
Je le regardait longuement. J'aurais voulu lui répondre quelque chose, n'importe quoi. Quelque chose pour qu'il parte, qu'il arrête de raconte des absurdités sur le seuil de ma porte... Mais je ne trouvai rien à dire et c'est ainsi qu'il continua, les yeux encore plus pétillants qu'auparavant:
-Le vent se forme grâce au Souffleur Céleste. Il est actionné grâce à un Vélo Céleste, qui le fait fonctionner. Et le Vélo est utilisé par un Envoyé Céleste...
-Dites donc, ça existe une Porte Céleste que je vous y envoie?
Je ne riais plus. Une fois, ça allait. Deux fois, aussi. Mais trois, il abusait! Se moquer si ouvertement de moi, surtout de la part d'un petit bonhomme rond de ce genre, était assez dérisoire. Aussi décidai-je de lui fermer la porte au nez, mais il bloqua cette dernière avec son pied droit.
-La violence ne résoudra rien... Vous voulez une preuve de ce que je raconte?
Il prit ma main, et je n'eut le temps de faire un geste qu'il m'avait déja traîné hors de la maison. Trébuchant, je lui criai de stopper cela. Mais lui n'en fit qu'à sa tête, et continua à me tirer. C'est lorsqu'il sembla se rendre compte qu'il n'arrivait plus à bouger lui-même, qu'il s'arrêta, et m'aida à me relever... Epoussetant mon pantalon, je fit mine de dire un mot, mais il me reprit directement la main et courut quelques pas jusqu'à une étrange machine de laquelle émanait une odeur de soufre...