J'ai un faible pour les histoire de cape et d'épées, c'est un fait. Alors lorsque l'on tourne la chose en bande dessiné avec tant de talent, tout en y intégrant de la fantasy, je ne peux que la recommander avec chaleur.
De cape et de crocs
Et ça se passe chez Delcourt
Scénarisée par Ayrole et superbement illustrée par Jean-Luc Masbou, oeuvre à l'univers d'une richesse incroyable et à la chatoyance notable, elle offre aux lecteurs un divertissement étalé sur 10 tomes reliés, et un impromptu.
Tentons donc d'en exposer les grandes lignes.
Côté cours, Don Lope de Villalobos y Sangrin, qui est, comme les hispanophones peuvent s'y attendre, un fier représentant de la gente lupine, se prend d'amitié - et réciproquement - pour un autre gentilhomme, Armand Raynal de Maupertuis, canidé lui aussi, mais de la branche des rusés à poil roux. Maniant le verbe et l'épée, notre troupe, que grossira Eusèbe, un lapin à l'infime capacité vocale et au passé plus qu'agité, deux femmes, aimées de nos deux bretteurs, ainsi qu'un Raïs, connaitra un périple incroyable en quête d'un fabuleux trésor. Recherche qui, et n'entrons pas dans les détails de crainte de vous dévoiler tous les ressorts de l'intrigue, finira par les mener sur la Lune, et plus exactement sur la face cachée de cet astre. Ils y déjouerons les machinations du méchant prince Jean (masque de fer, pour vous déplaire) qui formentait et réussissait à mener dans son coin un coup d'État, libèrerons les Sélénites de son joug, et essuierons de nombreux coup de théâtre.
Galerie de personnages hauts en couleur, dont l'éloquence certaine et les formes atypiques ne peuvent qu'interpeller (un caillou sélénite figurera un temps parmi les protagonistes, sans rire).
Côté Jardin, l'on note d'ores et déjà un clin d'oeil au roman de Renard. Ce ne sera pas la seule référence faite à la littérature classique, loin de là. Tout n'est que prétexte à la rime et au pastiche. L'ouverture de la saga se fait sur une représentation des Fourberies de Scapin, et l'on verra fleurir des répliques rappelant à s'y méprendre celles de Cyrano de Bergerac (La pièce, et non l'auteur, qui sera lui carrément rappelé par un personnage entier, Le Maître d'Arme), Molière (Le dramaturge. Il ne me semble pas qu'une pièce ai été nommé de la sorte.), etc. … Picturalement parlant, les références sont toutes aussi nombreuses (Le radeau de la Méduse, mes amis !).
Calembours, figures de styles et versification rythment les dialogues, quand ce ne sont pas les noms de lieux et de personnages. Pour indication, Phébus de Litotie aura une fâcheuse tendance à atténuer sa pensée. Quitte à en devenir quelque peu inexact. Et cela tout du long. Non, l'on ne fait pas dans l'anecdotique, puisque toute l'oeuvre repose sur ces procédés.
Quelques planches, histoire de vous donner goût à la chose.
- Le Maitre d'Arme et nos deux (pardon trois) compères:
Ou plutôt, à défaut de pouvoir lire de suite cette merveille -mais vous saurez y remédier rapidement, je n'en doute pas- allez donc voir le site qui y est consacré, ce dernier étant bien plus complet !
http://www.decape.askell.com/