Kiwoo Open your eyes. I see. Your eyes are open
Nombre de messages : 1966 Age : 30 Localisation : Ponyland Date d'inscription : 09/04/2011
| Sujet: Textes (Originaux) Lun 20 Mai - 2:49 | |
| Cette nuit je m'ennuyais. C'est très court et très mal écrit, mais ça faisait longtemps que j'avais plus rien écrit, besoin de partager ça du coup. Enjoy !
C’est l’histoire d’une femme qui aime les hommes. Mais trop vite, trop fort, trop passionnément, trop douloureusement. C’est l’histoire d’une femme qui s’est fait détruire par un tas d’autres histoires, un tas de bribes de sa vie, un peu de celles des autres. C’est l’histoire d’une femme qui n’a plus vraiment d’histoire. Ses artères ont été coupées une par une à chaque fois qu’on la laissait au bord de la route. Ses os broyés ne sont plus capable de soutenir son corps. Et ses yeux ne s’ouvrent plus, trop fatigués d’avoir tant pleurer. Oh, elle n’est pas du genre à accuser les autres, elle sait que c’est elle qui n’aime pas comme il faut. Elle se dit qu’il y a un trou quelque part dans son cerveau, un trou qui aspire sa raison, ses inquiétudes. Un trou qui crache de la naïveté et de l’amour à tout va. Un disfonctionnement. Elle a un cœur trop gros pour sa poitrine. Il veut s’échapper, elle le sent, il faut le libérer. Parce que maintenant qu’il a été rafistolé de tous les côtés, il peine à battre, il lui fait mal à chaque mouvement. Elle se tord de douleur silencieusement, devant tout le monde, personne ne voit rien. Elle aimerait se l’arracher, le jeter contre un mur, le piétiner. Se jeter contre un mur, ou du haut d’une tour. Faire semblant de savoir voler, s’écraser par terre.
Elle boit beaucoup, ne rencontre plus personne. Elle se dit qu’elle n’aura plus à souffrir de cette manière, mais la douleur enfle chaque jour. C’est l’histoire d’un cœur qui n’était pas préparé. Un cœur à qui on n’a jamais appris à marcher. Une femme à qui on n’a jamais appris à tomber. Alors elle trébuche, s’étale de tout son long, laisse des débris d’elle parterre en essayant de se relever. N’y parvient jamais complètement.
Le petit organe gorgé de sang crie au secours. Elle le supplie d’arrêter. Ça fait mal, putain, ça fait mal. Tais-toi.
La femme se demande si c’est pareil pour tout le monde. Elle se dit que oui, surement, qu’elle est juste trop sensible, ou trop idiote. Elle a dû faire une erreur quelque part, suivre un mauvais changement. Elle veut partir en voyage, recommencer ailleurs, une nouvelle vie. Les artères découpées n’irriguent plus rien. Elle pense qu’ils ne comprendront pas, qu’ils s’en ficheront, qu’ils ne s’apercevront même pas de son absence, ceux qui squattent encore ses souvenirs. Elle boit au goulot et finit la deuxième bouteille. C’est l’histoire d’une femme, morte d’avoir trop aimé. C’est l’histoire d’une femme aux veines découpées, d’une moquette gorgée de sang alcoolisé, d’une affaire classée suicide.
C’est l’histoire du dernier homme l’ayant mal aimée qui s’en va dans la nuit, laissant derrière lui le cadavre d’une poupée devenue trop fade à son goût. Il l’a trop brisée déjà, les coups ne suffisaient plus. Ils ne chercheront pas à comprendre, ils s’en ficheront, ils ne s’apercevront de rien. Elle n’est plus personne dans leurs souvenirs.
Un autre tout petit texte, un petit "retour aux sources" puisque j'écrivais des textes de ce genre il y a ... 5-6 ans. Et j'ai eu envie de m'y remettre ^^
Elle était trop vieille, trop usée, trop inutile. Alors ils s’en étaient débarrassés comme si elle n’avait jamais existé. Comme si elle n’était plus rien pour eux. Elle avait rejoint ses paires tout aussi usés et inutiles qu’elle. Elle était mise au rebut, sans un merci, sans un au revoir. Elle avait pourtant tout vu, des ébats sexuels terribles, les petits plats mijotés, faits avec amour, pour toute la famille. Les gamins qui jouent, les disputes, les réconciliations. Elle s’était battue, avait lutté, mais un beau jour après tant de temps passé près d’eux, elle avait grillé. Il n’y avait plus rien à en tirer. Il était si facile pour eux de la confier à d’autres mains, puisqu’elle ne leur servait plus à rien. Elle avait été témoin de leur vie, mais elle ne représentait plus rien. Elle avait illuminé toute la maison de sa présence et maintenant qu’elle n’était plus bonne qu’à rester éteinte, elle ne comptait plus. Aujourd’hui, elle était brisée. Elle avait pourtant été brave, dans sa jeunesse. Economique, 70W, 2 ans d’autonomie. Remplacée par une autre. La petite ampoule cassée est abandonnée.
Voilà un troisième texte. Il est très personnel, il reste sans doute des fautes mais il a été douloureux à sortir (mais il a fait du bien), et il serait tout aussi douloureux à relire. Alors je garde cette tâche pour plus tard.
- A mon Anaïs, ma punk, ma marginale. 1er juillet 1994 - Été 2013 (?)
T’es heureuse, heureuse. T’as enfin trouvé comment te sortir du noir qui te collait à la peau. T’es magnifique, avec ton sourire agrafé au visage. Puis t’es bien, ça se voit. Tu délires un peu mais tu oublies tout et c’est ça qui compte, c’est ça l’important. Tu te détruis aussi, mais peut-être que c’est pas plus mal, peut-être que c’est pour le mieux. Parce que t’étais en marge, inadapté, un déchet socialement rejeté. T’étais pas faite pour cette vie-là, pour ce monde-là. Tu rêvais d’autre chose, t’as jamais vraiment su t’y fondre. Alors t’as commencé à faire n’importe quoi, mais gentiment. T’as croisé les mauvaises personnes, et puis les mauvaises situations. C’est là que tout est parti en couille. Avant c’était juste difficile mais c’était presque encore vivable. Tu survivais comme tu pouvais mais t’avais encore un peu de rage en toi, celle qui te faisait avancer, qui te poussait vers l’avenir parce que t’avais de l’espoir, puis qu’on t’a rabâché toute ta vie que ça faisait vivre. Tu voulais faire partie de ceux qui s’en sortent, qui guérissent. Mais t’es mal tombé, c’est un peu ta faute aussi. Pas seulement, c’est la société qui t’a amenée là, c’est elle qui a porté le coup de grâce, mais peut-être que si t’étais différente, si t’avais su rester à ta place et écouter les paroles de ces gens trop parfaits que tu détestes, t’aurais pas fini comme ça. Tu peux pas les supporter, ces donneurs de leçons. Leurs phrases toute faites et tellement répétées coulent sur toi comme un flot de gerbe. Ça te dégoûte, t’as envie de leur crier de dégager de ta vie, d’aller se faire prendre avec du bois, de celui qui laisse bien des échardes partout. Tu veux qu’ils souffrent comme toi tu souffres, qu’ils aient mal pareil. Qu’ils sachent ce que c’est avant d’oser te dire comment faire, comment être la parfaite petite victime qui reste à sa place. Ils te comprennent pas, personne ne t’a jamais vraiment comprise. Tu glisses entre les doigts, t’as tendance à énerver tout le monde mais c’est parce qu’on sait pas te saisir. Tu coules et y a personne pour connaître le moyen de te rattraper.
Alors forcément, quand tout a dérapé et que t’avais trop de choses à oublier ou à te faire pardonner, à te pardonner, t’as choisi la facilité. On t’en veut pas, on n’aurait pas le droit. Ça fait mal, mais les amis ça juge pas, jamais, ça souffre en silence et ça te regarde crever quand c’est la fin. Ça chiale quand ça a rien pu faire, quand ça a peut-être pas assez essayé.
Tu t’en es enfilé hein ? Des mecs à la chaîne, des sniff de speed, de coke, des pilules, des buvards, des champis, t’as tout pris, t’as tout fait. Pour n’être qu’une loque qui se trimballe d’appart’ en appart’ sans plus avoir de conscience pour t’abattre. Sans plus entendre ces gens que tu hais toujours autant. Tu te sentais bien, t’adorais ça. Ça se voyait. T’étais bien, enfin, t’étais heureuse, heureuse. T’étais belle aussi. Tu pouvais pas savoir que tu finirais par te noyer, par y laisser ton putain de cerveau. Tu pouvais pas deviner, t’étais tellement bien. C’était beau, tout était beau. Y avait bien le noir dégueulasse qui te retombait dessus parfois, mais aussitôt arriver tu remontais, direction 7ème ciel, orgasme sensitif, visuel. Les sons, des pures merveilles, et le monde autour de toi qui scintille. T’avais envie de filer de l’amour, de la joie, des rires, t’avais envie de partager, t’avais envie de vivre.
Et un beau jour t’es plus redescendue. T’es restée perchée là-haut, avec ta logique bien particulière que plus personne ne comprend. La réalité s’est fait bouffer par tes délires. T’es toujours là, on peut te voir à l’heure des visites, on peut te toucher, et te voir pleurer quand tu deviens lucide une minute ou deux. Mais t’es partie et tu reviendras plus, ce sont les médecins qui l’ont dit. T’es partie et, là où t’es, tu nous entends plus vraiment. T’es dans ton monde, dans tes rêves, tes cauchemars parfois, tu sais plus comment revenir, on sait pas comment te ramener. Ils disent que t’as tout grillé dans ta tête. C’était irresponsable d’essayer de se sentir bien, d’essayer de nettoyer les mauvais souvenirs à coup de LSD. T’aurais pas dû, mais tu pouvais faire quoi d’autre, dis-moi, t’aurais dû faire quoi ? Ils disent qu’il y a pas beaucoup d’espoir, qu’ils veulent bien essayer de te retaper mais que c’est bien trop flingué à l’intérieur. T’étais heureuse, t’étais belle. Et maintenant dans ta chambre, ta cage, on vient te voir partir dans tes délires, parce qu’on peut pas se résoudre à te laisser, parce qu’on peut pas vraiment y croire. On essaye de te faire penser à autre chose, on essaye de te suivre, ça dépend si t’es tout près ou beaucoup trop loin. Et quand on s’en va et qu’on te laisse, on échange tous un regard coupable. Parce qu’on te laisse dans ton hosto sans âme. Parce qu’on te laisse dans ta prison froide d’où ta lucidité a du mal à s’échapper. On se dit que si on continue, si on crie assez fort, tous ensemble et en silence, tu finiras par nous entendre, par revenir. Si jamais tu t’en sens capable, tu sais qu’on t’a gardé une place, là à l’arrière de la voiture, près de la fenêtre. On fumera des clopes avec la musique à fond et on se tirera de là. Cette fois ce sera vrai, réel. On t’attendra, prends ton temps, nous on reste là.
Dernière édition par Kiwoo le Mar 17 Sep - 4:39, édité 4 fois | |
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GummyBear Chibi Note
Nombre de messages : 21 Age : 27 Date d'inscription : 10/08/2013
| Sujet: Re: Textes (Originaux) Dim 15 Sep - 15:36 | |
| Pouha ! T'as de l'or dans la plume, dis-moi ! J'ai personnellement une certaine aversion envers les textes courts, en général, mais j'adore tes textes. Juste qu'ils seraient bons plus longtemps si tu allongeais un peu le bras. =D
Nan, sérieusement, c'est du très bon ! En fait, ce qui rend ton texte supportable, c'est que je n'aime généralement pas ce qui est histoire à l'eau de rose, fin triste et tout. Mais les fins de tes textes ne sont même pas tristes. Elles sont juste logiques et économes en bienséance. xD
En tout cas, j'attends la suite avec impatience ! Merci d'avoir partagé ces deux petites perles pour l'instant. (Apparemment y'en aurait d'autre ailleurs, je vais fouiller. ;) ) | |
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