Et Essène était un terrain de jeu énorme. Indescriptible ville virtuelle, aux nuances aussi subtiles que chamarrées. Beyond Lyder s’était assise sur le toit d’un vieil immeuble abandonné, le dos confortablement calé contre un panneau en acier. Bien qu’ayant le vertige, elle aimait contempler le ciel. Et aucun ciel n’était plus beau que celui du crépuscule, mélange iconoclaste des premières étoiles et des derniers rayons. Clair obscur. Délicats jeux d’ombres et de lumières. Il suffisait juste de ne pas se pencher par-dessus la rambarde vétuste. Ne pas regarder les longues avenues bordées de maisons coquettes, les petits arbres du parc, les bords du fleuve sinueux et les crêtes des montagnes. Ne contempler que les cieux, encore et encore.
Une bourrasque fit voleter les cheveux courts et ébouriffés de la demoiselle. Elle replaça une mèche rebelle d’un mouvement agacé. Déjà la pénombre se faisait plus épaisse. Bientôt il lui faudrait se lever, reprendre le cours de sa vie. Contempler la terre ferme, encore et encore. Mais pas tout de suite. Pas maintenant. Beyond avait encore du temps devant elle. Elle sirota son cappuccino, chaleur bienvenue dans les premières fraîcheurs de l’obscurité. Absurde moment serein. Éphémère. Fuyant. Et tellement bon. Depuis le matin elle avait une mélodie en tête, qu’elle fredonna doucement :
- « You are my angel… Come from way above… »
Massive Attack. Comme souvent. Une musique lente, douce et calme. Planante. Idéale. Elle montait crescendo, comme une angoisse latente. Tourbillon d’émotion, enlaçant le mélomane. Ce morceau, Bee l’aimait de trop. La musique faisait écho à ses ressentiments. Les pulsations étaient celles de son propre cœur.
C’est là qu’elle l’entendit. Un bruit, étouffé, dans son dos. Elle n’était plus seule. Se retournant, elle jeta un regard glacial à la personne qui venait déranger son moment de paix.
- « Puis-je savoir ce que tu veux ? »
Dernière édition par Beyond Birthday le Sam 15 Aoû - 14:26, édité 1 fois
Bibi Banni(e) du forum
Nombre de messages : 1932 Age : 33 Localisation : Pourquoi, tu cherches un plan sexe ? Date d'inscription : 25/06/2008
Parce que même les cyniques ont des instants de mélancolie, Bibi avait pris sur lui de monter les marches qui le séparaient du toit de la vieille bâtisse où il se trouvait. Cet immeuble abandonné n'avait rien de particulier, hormis le fait qu'il soit abandonné, et donc dénué de toute présence populacière et ô combien importune. Le jeune geek s'était abîmé les yeux et les sens en se perdant entre les lignes d'un des grands classiques de la littérature française, comme à son habitude. Il souhait donc s'aérer un peu, avant de s'immerger dans une soirée geek qu'il avait organisé avec ce qui serait les Bibistes dans l'avenir, mais qui n'était pour l'instant qu'un groupe d'amis. Bref, notre jeune homme était donc sur le point de pénétrer sur le toit de l'immeuble pour goûter à la tranquille quiétude crépusculaire qui précède l'irréelle kyrielle de bruits de la nuit...ou pas. En effet, sa tante, l'inénarrable Beyond, était là, à profiter A SA PLACE du crépuscule et de ses douceurs, et apparemment, à son regard et au ton de sa voix, elle paraissait aussi ravie que lui de trouver quelqu'un ici.
"Quel accueil ! J'ai bien compris que le moindre prétexte était bon à déverser ton trop plein de frustration sexuelle, mais de là à t'en prendre à ta propre famille ! Dieu que c'est bas et petit, féminin quoi !"
Sur ces mots plein de tendresse et de volupté, le jeune homme s'installa aux côtés de la jeune fille, le sourire aux lèvres.
"Oui je sais, tu te dis sûrement, reprit le jeune home sur le même ton, "Ah les jeunes ! Quelle fougue, quelle énergie, quelle outrecuidance !" Et peut-être même que tu envies ces qualités que tu n'as plus depuis longtemps, parce que tes dix sept ans sont loin derrière toi, hélas pour toi, et pour ton entourage, ils ne reviendront plus jamais, tout est fini, tu es vieille, perdue et frustrée, mais je suis là moi, jeune et fringant, et je t'autorise à m'admirer."
Il se tut, tout sourire, espérant parvenir à la faire fuir en déclenchant son ire, voire pire.
"Et sinon, ça va ?" s'enquit-t-il d'un ton aussi innocent que possible, les yeux toujours fixés sur le ciel en flammes qui s'offrait à eux.
Beyond Birthday Bee, on sait !
Nombre de messages : 1528 Age : 37 Localisation : Somewhere over the rainbow Date d'inscription : 27/07/2008
HJ : j'ai placé dans ce texte un mot que tu reconnaîtras certainement si tu te souviens de notre convers d'hier soir =D
Evidemment. Bibi dans toute sa splendeur et dans toute son acidité. Un sourire sardonique s’étendait sur son visage poupon. Beyond l’observa dans un silence condescendant. Dire que son frère Keith avait engendré un tel phénomène. Lui et Hana. L’envoûtante noble. Fascinant spectacle. La bonté n’était donc pas héréditaire. Pourtant, Bee aimait bien le jeune garçon. De tous les descendants Axebreaker, mômes braillards et trop gâtés, il était de loin le plus intéressant. Un gosse foutrement intelligent et hors norme, privilégiant les conversations réfléchies aux jeux puérils. C’était certainement son neveu préféré. Mais son principal défaut gâchait toutes ces belles qualités. D’une sensibilité rare, il attaquait toujours le premier, préférant blesser autrui plutôt que de souffrir à leur contact. Et ses assauts pouvaient parfois être très violents.
Oui, tout cela, la féline le savait parfaitement. Mais elle ne put empêcher ses dents de grincer lorsqu’elle l’entendit évoquer, dans l’ordre, sa sexualité, son genre et son âge. Les trois sujets à polémiques de la demoiselle. Comment diable faisait-il pour toujours taper aussi juste ?
- « Bla bla bla, bullshit » lui asséna-t-elle en le torpillant d’un lourd regard ambré. « Tu parles trop, surtout pour ne rien dire. Ravale tes beaux discours, gamin, ta verve est plate et certainement pas digne d’admiration ».
Elle fut tentée de rajouter un « CTB » mais se ravisa à temps. Soupir. Après tout, son neveu était déjà bien trop geek pour ne pas saisir le sens de cet acronyme. Elle sirota une autre gorgée de cappuccino tout en suivant le regard de son nouveau voisin. La boisson refroidissait déjà. Foutu Starbook’s Coffee et ses médiocres gobelets en plastique. Le ciel, par contre, était toujours aussi beau. Mais d’une beauté insolente, plus crue, moins harmonieuse. Plus proche de l’obscurité nocturne. C’était fou ce que ses ressentiments pouvaient influencer sur sa perception des choses.
Se tournant vers son neveu, Beyond le jaugea un instant avant de lui demander, d’une voix plus calme :
- « Trêve d’emphases amphigouriques. Jusqu’à présent, je vais bien et je te remercie d’une telle sollicitude, qui a de quoi me surprendre d'ailleurs. Et toi, de ton côté ? »
Simple tentative pour entamer une conversation cordiale. Apparemment, aucun de ces deux esséniens ne souhaitait laisser à l’autre cette alléchante place sur le toit. Il leur faudrait donc bien cohabiter. La jeune femme espérait seulement que ce ne serait pas trop long. Au mieux. Ou du moins assez divertissant. Au pire.
- « Au fait… Tu viens souvent ici ? »
Sourire hiératique. Regard pénétrant. C’était toujours quand ils venaient de se terminer qu’on se rendait compte de la fragilité des plus doux instants.
Bibi Banni(e) du forum
Nombre de messages : 1932 Age : 33 Localisation : Pourquoi, tu cherches un plan sexe ? Date d'inscription : 25/06/2008
Bibi ne détournait pas son regard du spectacle céleste qui s'offrait à lui. Admirer ce paysage l'apaisait, et il n'avait presque plus envie d'être cinglant.
"Moi ça va, normal, qui n'irait pas bien dans ma situation ? De l'intelligence, du charisme, une bonne naissance. Il me manque plus que la pipe et le mars pour être vraiment tranquille. Peut-être que tu pourrais m'aider ?" ajouta-t-il après un moment d'hésitation, un sourire mutin aux lèvres.
Il éclata de rire et renchérit :
"Bon ça va, je savais pas que tu tenais tant à ta bouffe."
Oui, bon, on avait dit "presque" hein. Il soupira et demanda à sa tante d'un ton plus calme et avenant :
"Bien que ta réplique digne d'un kikoololdragueur soit une piètre tentative pour engager la conversation, je daigne y répondre ; c'est la première fois que je viens là, j'avais besoin de m'isoler. Et toi ? Tu venais ici pour pleurer ? Tu veux xanax, une corde ?"
Il sourit et s'approcha d'elle pour lui susurrer :
"Je te demande habilement si tu vas bien."
Il se réinstalla en veillant à respecter la distance de sécurité qui incombe à la politesse la plus élémentaire, et à son dégoût relatif pour ses congénères, pour se plonger à nouveau dans la contemplation affectée du ciel obombré qui paraissait devant ses yeux, attendant que sa comparse ne rompe à nouveau le silence qui les accompagnait de loin.
Beyond Birthday Bee, on sait !
Nombre de messages : 1528 Age : 37 Localisation : Somewhere over the rainbow Date d'inscription : 27/07/2008
- « Ni corde, ni antidépresseur ne changeront quoi que ce soit à mon humeur. Et j’avais bien compris que tes maigres tentatives pour être spirituel cachaient une requête plus subtile ».
La jeune fille s’accorda un moment de pause. Se battre avec Bibi n’était jamais une bonne idée, encore moins sur le territoire des mots, son domaine des prédilections. Elle lui offrit donc un sourire fatigué mais plus sincère qu’à l’accoutumer. D’une voix lasse, elle poursuivit sa phrase, tentant de cerner ces sentiments diffus qui la tiraillaient et l’accablaient depuis quelques temps.
- « J’aimerais atteindre cette ataraxie dans laquelle je pourrais me complaire avec délice mais j’ai du mal ces temps-ci. Je suis déjà probablement déjà trop vieille, comme tu l’as souligné avec justesse, pour me satisfaire d’une situation médiocre ».
Regard plus sombre. L’ambre liquide de ses prunelles se faisait or maussade. Mais Beyond n’entrerait pas dans les détails. Elle ne souhaitait pas s’étendre sur ses préoccupations actuelles. Importuner les gens avec sa petite vie pathétique ? Les engluer dans une conversation qui ne les occuperait que par pure politesse ? Très peu pour elle. Elle avait beau apprécier son neveu, leur degré de proximité n’était pas encore suffisamment élevé à cette époque pour qu’elle se sente autorisée à se répandre en doléances.
Elle passa donc sous silence le vide sentimental qui était le sien depuis si longtemps, les divers tracas que procurait l’accomplissement de contrats violents et la nausée qu’elle éprouvait en voyant son cher frère devenir un grotesque papa poule. Se tournant vers Bibi, elle l’interrogea :
- « Mais bref, parlons de ton principal sujet de préoccupation, à savoir toi-même ». Sourire ironique qui, espérait-elle, adoucirait sa remarque puérile. « Pour quelle raison avais-tu besoin de t’isoler ? »
Sa voix s’était fait plus amène, moins sur la défensive, comme un appel aux confidences. Intriguée par le ton qu’avait pris le jeune homme, elle l’observa avec minutie, comme pour tenter de capter les plus petites émotions qu’il accepterait de faire passer. Fascinant était le genre humain. Mais bien plus singulière encore était sa propre famille. Et avec les Axebreaker, Beyond avait eu moult occasions de vérifier cette théorie. Qui sait ce qui pouvait quelques fois se passer dans la tête de nobliaux ? Dans un silence propice, la demoiselle attendit que son neveu accepte de se livrer.
Au loin, le soleil entamait sa course séculaire contre la lune.
Bibi Banni(e) du forum
Nombre de messages : 1932 Age : 33 Localisation : Pourquoi, tu cherches un plan sexe ? Date d'inscription : 25/06/2008
Le jeune homme, serein, analysa les propos de son interlocutrice avec un réel intérêt. Certes, beaucoup de gens l'ennuyaient, voire l'importunaient, mais dès lors qu'il s'intéressait à la personne qu'il avait en face de lui, on pouvait être sûr d'avoir toute son attention. Il ravala donc, effort sublime, la kyrielle de piques qui avaient germées dans son esprit et se concentra sur l'amorce de confidence qui lui avait été faite.
"Comme si l'âge pouvait changer ta façon de voir les choses. Ton vécu je veux bien, mais tes rides en plus et tes seins qui tombent ? Non, rien à voir, "bullshit" pour reprendre tes termes si grâcieux."
Il parlait avec entrain, sentant que sa tante avait beaucoup de choses à dire, et sachant pertinemment qu'elle n'en ferait rien et qu'elle préférerait se morfondre sur son sort dans son coin. Il voulait sincèrement l'aider à se sortir les doigts du cortex.
"Et puis l'ataraxie c'est un idéal qui va bien cinq minutes mais qui finit par être bien fade. L'inaction, la tranquillité, okay c'est fun quand t'es crevé, mais les passions dévorantes, la violence des excès, les bonheurs éphémères mais intenses, ça a quand même plus de gueule nan ? C'est toi qui te vieillit en adoptant un épicurisme branlant, un inactivisme mental et existentiel, une fichtre d'attitude dépressive, égotiste et tellemeeent plébéienne."
Il était presque agressif, mais souriait. Il était emporté par ses idées, mais nullement énervé. Il soupira et secoua la tête :
"Moi je m'isole pour me reposer, parce que j'ai tendance à trop me laisser emporter par mes passions, bonnes ou mauvaises. Seul, je suis plus calme, plus serein. Entouré, je lutte, et quand je ne lutte pas, je boue, car je suis frustré de ne pouvoir le faire. Bref, c'est compliqué tout ça."
Il posa son regard sur sa tante et ajouta d'un ton taquin :
"T'as pris des notes pour te souvenir comment on s'épanchait ? Alors vas-y, je te regarde."
Beyond Birthday Bee, on sait !
Nombre de messages : 1528 Age : 37 Localisation : Somewhere over the rainbow Date d'inscription : 27/07/2008
Beyond lui sourit avec douceur. C’était une de ces petites choses qu’elle aimait chez ce jeune garçon. Sa fougue, son idéal de vie, ses pensées profondes. Il était loin d’être aussi blasé qu’elle-même l’était. Ou du moins, si c’était le cas, il savait mieux le dissimuler. Elle apprécia également de le voir moins sarcastique. S’il faisait des efforts, il serait bien qu’elle en fasse également.
- « J’aime tes réflexions, gamin » lui répondit-elle avec contentement. « Tu peux te laisser emporter par tes passions mais tu sais être serein quand il le faut. Je t’autorise effectivement à me donner des leçons »conclut-elle par un clin d’œil.
Bee avait beau être la plus âgée des deux, elle n’était pas toujours la plus mature. Son manque de confiance en elle la rendait méfiante, prudente. Mais, lucide, elle tentait constamment d’évoluer pour combler ce qu’elle considérait comme une imperfection caractérielle. Son regard se fit plus grave, tandis qu’elle réfléchissait. Parler, d’accord. Mais comment exprimer en mots ces pensées confuses qui gravitaient dans son esprit ? Comment cerner au mieux ce sentiment diffus, intangible, ce mal-être perpétuel qui l’accompagnait en ce moment ?
Ouvrir ces pensées à ce jeune homme ? Il était sensible. Peut-être comprendrait-il ses émotions. Peut-être alors… Peut-être se confierait-elle…
- « J’ai vécu une de ces journées, pourtant banales, mais qui laissent un goût insipide une fois le crépuscule venu. Je me lève seule, je me couche seule. Je me bats seule. Je dois m’imposer dans un milieu masculin qui me dénigre. Je dois détruire et je n’aime pas cela. En même temps, cela me procure un bien fou, viscéral, inavouable. Je me sens devenir une âme vide et glaciale. Et cela m’effraie ».
La jeune fille baissa les yeux, pudique. Ses iris reflétaient bien trop son âme pour qu’elle ne les laissât à découvert. Malgré le katana qui l’accompagnait partout où ses pas la guidaient, Beyond n’était au final qu’une petite personne fragile. Une coquille de verre pâle, prête à se briser en mille morceaux évanescents, arachnéens. Elle se tut. Elle ne dit mot car elle ne voulait plus rien en dire. Elle en avait déjà avoué plus que nécessaire. Les phrases avaient jailli de sa bouche, spontanées, quand elle avait commencé à parler.
C’était toujours de cette manière que cela se passait. Lorsque le poids de ses ressentis devenait trop lourd, il s’échappait comme un torrent, impossible à arrêter. Et elle culpabilisait alors a posteriori d’avoir été trop faible pour s’arrêter. D’avoir enrôler autrui dans une discussion étrange, déprimante ou désordonné, de laquelle il aurait du mal à se dépêtrer. De plus, il ne fallait pas que son neveu sache le type de travail qu’elle effectuait. Personne dans sa famille ne devait le savoir.
De complice, le silence se fit pesant. Une brise salutaire vint coller quelques mèches sombres sur son visage grave. Cette fois-ci, elle n’esquissa pas un geste pour les replacer derrière ses oreilles.
Bibi Banni(e) du forum
Nombre de messages : 1932 Age : 33 Localisation : Pourquoi, tu cherches un plan sexe ? Date d'inscription : 25/06/2008
Le jeune homme soupira, apparemment loin d'être aussi gêné que sa comparse.
"C'est sûr que le métier d'assassin ne doit pas être facile tous les jours" lâcha-t-il sur le ton de la conversation.
Devinant la surprise de son interlocutrice, que, avouons le, il espérait secrètement, il ajouta, ravi :
"Une jeune fille svelte qui se balade avec un katana avec la grâce d'un félin, et qui en plus m'avoue avoir peur de passer du côté obscur ? Allons, n'insulte pas ma perspicacité tata."
Il sourit, et se replongea comme si de rien n'était dans sa contemplation vespérale. Il semblait perdu dans ses pensées, à tel point qu'il avait oublié son sourire sur le coin de ses lèvres. Il finit par ajouter, plus calmement :
"Etant humains, on est tous, de base, des enculés narcissiques avides, égoïstes et putassiers, il suffit d'en avoir conscience et d'avoir un idéal d'homme que l'on teinte d'atteindre pour s'amélorer."
Il s'arrêta et se tourna vers elle, il rapprocha son visage du sein et chuchota, tout en la fixant :
"Il suffit que tu choisisses en connaissance de cause ce que tu veux être ; une tueuse inébranlable ou une jeune fille sensible avec un job peu orthodoxe qui lui permet d'assouvir sa cathartis de façon très bourrine."
Il la fixa encore quelques instants et se réinstalla à sa place, pouffant :
"Volonté et entendement = liberté, quel enculé de cartésien je fais, quand je fais pas gaffe."
Beyond Birthday Bee, on sait !
Nombre de messages : 1528 Age : 37 Localisation : Somewhere over the rainbow Date d'inscription : 27/07/2008
Le regard de la jeune fille dut être sérieusement éloquent quand Bibi lui fit savoir que son secret n’était visiblement pas aussi secret qu’elle l’espérait. Bien entendu, porter un katana était un indice flagrant, qu’elle éludait en rappelant son entraînement assidu au kendo. Elle essayait de l’emporter le moins souvent possible, mais sa paranoïa légendaire lui dictait sans cesse de nouveaux scénarios où son arme se révèlerait particulièrement utile. Saleté de gamin intelligent ! Dire que ses compagnons intimes n’avaient jamais rien soupçonné de ses activités, et il n’avait fallu qu’une seule phrase pour que son neveu, qu’elle ne voyait qu’en de rares occasions familiales, n’éventre cette cachotterie jalousement gardée. Elle se maudit d’être si peu discrète.
Bee eut certainement un air courroucé pendant que Bibi lui expliquait sa vision de l’être humain. Elle ne l’écouta que d’une oreille, néanmoins avec suffisamment d’attention pour en saisir le message principal. Mais était-elle capable de s’améliorer ? Malgré ses efforts, elle restait cette personne craintive, effrayée par elle-même et par ses pulsions, qu’elle n’arrivait pas à exprimer d’une manière qui lui semblait adéquate.
- « Il suffit que tu choisisses en connaissance de cause ce que tu veux être » lui dit alors le jeune homme. « Une tueuse inébranlable ou une jeune fille sensible avec un job peu orthodoxe qui lui permet d'assouvir sa catharsis de façon très bourrine ».
Sa voix s’était faite murmure, son visage était tout près du sien.
- « Je… présume… que tu as raison »répondit-elle dans un marmonnement confus.
Elle n’aimait pas être prise en flagrant délit de doute. Et la réponse plus que pertinente de son neveu lui rappelait qu’elle avait encore du chemin à faire pour s’assumer complètement. Sa moue boudeuse laissait transparaître ce ressentiment amer.
Bee continua d’écouter Bibi digresser comme le Descartes qu’il aurait pu être, sans dire un mot. Pensive, elle continua de fixer cet intrigant jeune homme, qui avait repris sa place, appuyé contre le mur. Elle aurait voulu lui répondre d’une cinglante réplique philosophique, mais ses connaissances étaient malheureusement bien trop pauvres pour y prétendre. « Essai sur les femmes » d’Arthur Schopenhauer constituant le seul élément marquant de sa formation dans ce domaine, elle avait le sentiment persistant que cela pourrait être réutilisé contre elle. Elle choisit donc, en toute logique beesque, de détourner le sujet sur son interlocuteur.
- « Et pour toi ? Quel est cet idéal que tu aimerais atteindre ? »
Parce qu’après tout, ce pouvait être foutrement intéressant aussi…
Bibi Banni(e) du forum
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Sujet: Re: Instants fragiles ~ [Pv Bibi] Dim 8 Nov - 19:06
Le dos au mur, l'esprit hagard, vidé de ses réflexions, qu'il venait d'étaler à sa tante, il sombra dans cette amertume trop commune, dans ce doute incessant qui faisait qu'après chaque sourire suffisant, chaque phrase égocentrique ou narcissique, il se haïssait un peu plus. Un sourire amère se dessina sur ses lèves. Elle pense que j'ai raison. La bête, comme si on pouvait en être sûr. Comment pouvait-il avoir l'audace de conseiller quelqu'un alors même qu'il ne savait pas quoi faire de lui-même ? Il s'en voulait, d'avoir voulu se la jouer coach de vie à la petite semaine. Il soupira et étudia la question que sa tante lui avait posé. Un idéal ? Bonne question. Il répondit, las :
"Mon idéal ? Je sais pas. J'oscille entre un idéal basé sur la volonté et mon ego, c'est à dire que je me vois comme un Julien Sorel, avec des flammes dans les yeux et de l'ambition au fond du ventre, qui arrivera à faire quelque chose de sa vie, qui sera célèbre, et célébré, et qui trônera au panthéon des lettrés de notre fichtre de pays, et un autre idéal, beaucoup moins reluisant, qui ferait de moi un Vautrin, un cynique qui a compris le monde et qui en joue, qui en jouit, en respectant à la lettre ces règles si injustes qui nous régissent tant bien que mal." Il pouffa, railleur.
"Mais rien ne me dit que je mérite d'avoir un idéal. Désirer un idéal, c'est avoir l'arrogance de penser qu'on a les moyens d'être plus que ce qu'on est, ce dont on est jamais sûr. D'un autre côté, ne pas avoir d'idéal, c'est se contenter du JT de 20h comme horizon d'attente. Alors que faire ? Cueillir l'instant, se bourrer la gueule avec trois putes moldaves comme servantes, et s'étouffer dans son vomi ? C'est bien trop dangereux, et fatigant. Je suppose qu'il n'y a qu'une chose à faire : s'isoler sur un toit et faire croire qu'on est apte à donner des conseils. Non ?"
Il avait dit tout ça d'un ton moqueur, parce que là, tout de suite, il n'y croyait plus. La nuit était tombé. Ses rêves s'étaient éteints.
"J'ai froid. conclut-il d'un ton pitoyable."
Beyond Birthday Bee, on sait !
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Sujet: Re: Instants fragiles ~ [Pv Bibi] Dim 8 Nov - 22:27
Etait-ce les méandres "psychololgiques" par lesquels était passée la discussion ? Les nuances fantasmagoriques du soleil couchant qui avait laissé la place à la lueur glaciale des étoiles ? La journée blasante à en mourir qu'elle venait de vivre ? Le déshabillage touchant de leurs âmes respectives ?
Ou peut-être la simple audace d'un instant fragile ?
Elle ne comprit pas tout de suite son acte. Son impulsion étrange et cocasse. Le souffle court, les joues brûlantes, elle s'éloigna de Bibi sans toutefois pouvoir le quitter du regard.
Elle l'avait vu frissonner sous la morsure du froid nocturne. Elle s'était rapprochée de lui et avait glissé sa veste en cuir sur ses épaules. Ses doigts s'étaient délicatement posés sur son dos, cherchant probablement à lui insuffler le peu de chaleur que son vêtement avait conservé. Avant que, sans préméditation, son visage ne se rapproche. Que ses mèches ébènes ne se mêlent à ses cheveux pâles. Et que ses lèvres rosées ne croquent les siennes. Doucement. Irrémédiablement. Dévastant en une seconde un interdit séculaire.
Les battements de son coeur se firent irréguliers, plus sourds. Brisant cette étreinte, elle recula peut-être un peu trop brusquement. Sur son visage, mille expressions passèrent en un instant, avant que ses traits ne prennent les couleurs blafardes de la gène. Honte de ses impulsions. Honte de ce désir qui, pendant une trop longue seconde, avait déferlé dans ses veines comme le plus ambigu des poisons.
- « Euh... je... hm... je ne sais pas pourquoi... »
Elle ne termina pas sa phrase, rongée par l'embarras. Y avait-il une raison, une excuse, à son acte ? Ou était-elle pour toujours condamnée au regard fuyant et au bégaiement face à son neveu ?
Beyond observa Bibi avec appréhension. Autour d'eux, la nuit sembla d'autant plus sombre et le froid d'autant plus prenant.
Spoiler alert : Pedo-incestolol !
Bibi Banni(e) du forum
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Absorbé par ses pensées, le jeune homme remarqua à peine qu'on lui posait une veste sur les épaules. Il comprit encore moins qu'on l'embrassait. Que sa tante l'embrassait. Il subit le baiser, et n'eût guère le temps d'en profiter, puisque son interlocutrice se retira alors même qu'il réalisait ce qui se passait. La gène se lisait sur le visage de Bee. Sur le sien, on ne voyait rien. Il eût un temps de latence assez long qui aurait pu passer pour de la gêne, mais qui n'en était pas. Anéanti, éclaté, pantelant, quasiment noyé sous une mer d'incertitudes et de questions, Bibi n'était pas sujet à la gêne. A vrai dire, il s'en foutait, que quelques parties de leur aDN soient communes. Tout ce qu'il savait, c'est que cette souffrance, cette ire qui le consumait constamment, s'était apaisé au contact de la jeune fille penaude qui se tenait devant lui. Tout ce qu'il voulait, c'était tout oublier, c'était s'oublier, avec elle, ou n'importe qui, pourvu que ce fut quelqu'un d'autre que lui.
Il fondit son regard dans le sien, s'avança vers elle, comme un damné qui flirte avec l'abîme, posa ses mains sur ses épaules et, sans mot dire, l'embrassa. Cette fois-ci, leur étreinte dura assez longtemps pour qu'il en profite, qu'il s'oublie un peu, et lorsqu'il se recula, lentement, il lui sourit en la caressant des yeux. Il chuchota :
"Une éternité de supplices posthumes vaut bien quelques extatiques instants de notre vivant, non ?"
Il passa une main dans ses cheveux d'ébène et colla son front au sien.
"Il n'est pas encore trop tard. Tu peux encore me gifler et ne plus m'adresser la parole. Il ne t'en coûtera que quelques regards réprobateurs dans les réunions familiales et une vingtaine de "Je vous salue Marie". Ce soir, j'ai l'impression que rien n'a d'importance, et que si être ensemble peut nous aider à survivre un peu mieux, il n'y a pas à chercher un autre remède, mais si tu supportes mieux tes maux que les éventuelles remèdes qui peuvent t'en débarasser, il vaut peut-être mieux que nous arrêtions, maintenant..."
Il souriait toujours, et tandis qu'il lui chuchotait presque gaiement tout son petit laïus, il continuait à lui caresser les cheveux, comme pour en profiter, de peur qu'elle ne recule, qu'elle refuse, qu'elle souffre en silence, et avec plus de décence que lui qui, face à l'absurde de la vie, ne voyait aucun mal à essayer tous les remèdes qui étaient à notre portée.
Beyond Birthday Bee, on sait !
Nombre de messages : 1528 Age : 37 Localisation : Somewhere over the rainbow Date d'inscription : 27/07/2008
Elle ne s'attendait pas à cette réaction. Est-ce que, vraiment, plus rien n'avait d'importance ce soir ? Le premier baiser pouvait passer pour une étrange frivolité. Mais le second ne laissait plus aucun doute sur la dimension spontanée de l'acte. Bee avait tressailli lorsque le jeune homme s'était rapproché d'elle. Mais elle ne l'avait pas stoppé. Ni ses gestes. Ni ses lèvres. Pire, elle avait même répondu à son étreinte comme si, effectivement, plus rien d'autre n'avait d'importance. L'abime qui s'ouvrait sous eux avait alors eu un délicieux goût d'impudence.
Elle sentit sa main se couler dans sa chevelure tandis qu'il lui chuchotait des arguments apodictiques, presque hypnotisants. Il était tout proche, tellement proche. Ses doigts effleurèrent sa nuque, jouant avec ses mèches rebelles, et ce contact si banal lui sembla pourtant terriblement intime. Elle ferma les yeux, comme un chat maladroit à qui l'on offre des caresses. Mais son pouls irrégulier, lui martelant l'esprit, lui rappelait à chaque coup la profondeur de son trouble.
Et puis il se tut. Elle haleta, pantelante. Au point d'en perdre ses mots, qui se coinçaient dans sa gorge. La demoiselle avait beau être la plus âgée, elle était pourtant complètement dominée par le blondinet qui lui faisait face. Osant à peine croiser son regard, elle baissa légèrement la tête, comme pour laisser les doigts de Bibi se fondre entièrement sur sa peau. Quelque part, ces cajoleries comblaient le silence. Et, quelque part, elles calmaient sa confusion. Peut-être qu'elle n'avait même plus la force de résister. Ou peut-être qu'elle ne le voulait plus, tout simplement. Alors doucement, délicatement, ne se focalisant sur rien d'autre que sur le moment présent, la jeune fille se rapprocha à nouveau.
Agrippant son visage, elle l'attira à lui. Ses bras emprisonnèrent ses épaules tandis qu'elle capturait sa bouche avec une fermeté surprenante. Fermant les yeux, elle s'assit sur lui, ne laissant là aucune possibilité de fuite. Ses cheveux chatouillèrent ses joues. Elle les repoussa presque rageusement. Autour d'eux, la nuit refermait ses ailes sombres, protégeant le secret de leur collusion. Lorsqu'elle s'interrompit enfin, sa voix prit les inflexions hésitantes de celui qui s'interdit de parler depuis un moment.
- « Probablement que le remède me plaît finalement » lui glissa-t-elle dans un murmure. « Ne pose aucune question, je ne pense pas pouvoir y répondre dans l'immédiat » rajouta-t-elle.
Etrangement, ses yeux brillèrent d'un éclat nouveau. Celui de la concupiscence ?
Bibi Banni(e) du forum
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Sujet: Re: Instants fragiles ~ [Pv Bibi] Mer 11 Nov - 3:05
Durant leur corps à corps, le jeune homme avait posé ses mains sur les hanches de la jeune fille. Lorsqu'elle recula, il ne les enleva pas. C'était sa tête de pont. Le début d'une formidable conquête sur un territoire inconnu, une province alliée qu'on aurait pas dû envahir, mais qu'on envahit quand même, juste pour le plaisir de se battre, et de gagner du terrain. Il lui sourit de plus belle et chuchota :
"Je n'ai aucune question à poser, à vrai dire."
Il ponctua sa phrase par un baiser, plutôt long, qu'il accompagna de lentes caresses le long de ses hanches, et de son dos. Sa chaleur l'incitait à multiplier ses affronts digitaux, tant il aviat froid, et le goût fruité des lèvres de sa compagne d'infortune l'enivrait, le poussant à en redemander encore et encore quelques échantillons. Il laissa ses mains glisser vers le bas de son dos, et justifia son entreprise cavalière par un sourire enjôleur dont il semblait à peine avoir découvert le secret. Il l'embrassa de nouveau et s'attaqua ensuite à son oreille, qu'il mordilla gentillement. Il s'oubliait, s'excitait, s'amusait tandis que ses lambeaux de morale s'amenuisaient. Ils se volatilisèrent tout à fait au son de ces mots :
"Ne risques-tu pas d'attraper froid ?"
Toujours ce même sourire, presque diabolique. Une jeunesse engoncée dans un ennui morose qui réclame de l'action, qui veut mourir sur scène dans un paroxysme de passions enflammées. Etait-ce ce qui viendrait à bout de l'interdit séculaire qui tiraillent l'esprit de nos chers lecteurs ?
Beyond Birthday Bee, on sait !
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Sujet: Re: Instants fragiles ~ [Pv Bibi] Mar 24 Nov - 19:10
- « Attraper froid ? Au contraire » répondit-elle sans se départir de son ton chuchotant, qui semblait être la norme dans cette étreinte subite. « Pour la première fois depuis le début de la soirée, je n'ai plus froid ».
Son sourire malicieux lui fit plisser les yeux et creusa une fossette sur ses joues si douces. Le trouble avait peu à peu laissé la place à l'envie. Elle aurait pu se laisser faire pendant que Bibi redoublait d'attention à son égard, mais elle lui avait au contraire rendu tout ce qu'il lui donnait, l'encourageant à poursuivre ses ardeurs encore et encore. Leurs baisers lui brûlaient les lèvres. Les mains sur ses reins enivraient ses sens. Ses mordillements espiègles faisaient rougir sa peau déjà exaltée. Dans la bataille entre le rationnel et l'impulsion, entre la raison et le désir, le vainqueur était déjà tout désigné.
Son regard ambré s'agrippa au sien, plus sombre. Le duel qui s'y jouait était violent, fourbe, sans appel, mais aussi terriblement sensuel. Dans la fraîcheur nocturne, on n'entendit plus que leur respiration saccadée. C'était un corps à corps définitif et absolu. Seule la petite mort viendrait y mettre un terme. Audacieuse, elle agrippa le dos de son amant pour le ramener à elle, enfonçant ses ongles à travers ses vêtements. Elle passa ses lèvres dans son cou, les remplaçant rapidement par la délicate morsure de sa bouche. Ses doigts se faufilèrent sous les étoffes pour se glisser contre sa peau.
Mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander où tout ceci les mènerait. Et ce que "l'après" apporterait. L'ultime moment, comme toujours, avait une fin. Après la virulence et la puissance viendraient l'angoisse et ce sentiment indescriptible proprement humain. La conscience peut-être. Ou le regret ? Sans le vouloir, ses pensées se firent plus consistantes. Elles prirent alors la forme de mots qui s'égrenèrent tout haut, portées par une voix aux intonations réflexives. Même si la question s'adressait plus à elle-même qu'à son voisin, elle brisa le silence pour la dernière fois.
- « Penses-tu que nous serions heureux après une telle nuit ? Ou... moins malheureux ? »
Bibi Banni(e) du forum
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Sujet: Re: Instants fragiles ~ [Pv Bibi] Dim 29 Nov - 14:21
Le jeune homme était aussi excité que la belle, mais n'eut pas l'occasion de le lui témoigner, puisqu'elle posa une question qui refroidit ses ardeurs. Ses mains, qui s'étaient infiltrées sous l'étoffe encombrante que portait la jeune fille, se figèrent, puis revinrent côtoyer l'air mordant d'une nuit trop sombre, des lambeaux de chaleur corporelle encore emmêlés autour des doigts. Il soupira, la regarda et déclara d'un ton peu enjoué :
"Je ne sais pas. A vrai dire, je n'avais pas envie de le savoir. Je ne m'en occupais pas jusqu'à ce que tu le mentionnes. Maintenant, nous en avons pris conscience, nous allons nous torturer l'esprit avant même que l'acte n'ait eu lieu, alors que si tu t'étais laissée faire, nous n'y aurions réfléchi qu'après. On aurait été gagnant."
Il posa ses mains derrière lui et s'appuya sur ses bras tendus pour regarder le ciel, avant d'ajouter :
"Evidemment, je ne peux te blâmer, je peux comprendre ta question, et j'aurais pu la poser. Tout ça n'empêche que je ne sais pas quels auraient été - ou quelles seront ? - les conséquences de cet acte. Tout ce que je sais, c'est que ce soir nous aurions été heureux. Demain, il aurait été toujours le temps d'y remédier. Mais bon, je suppose que tu es plus mature que moi et qu'un remède aussi bancal ne te satisfait pas..."
Il soupira, lui lança un regard lascif qu'il ne pouvait contrôler et ajouta d'un ton espiègle :
"Même si pour une fois, le médoc était vachement bon."
Un sourire accompagna la remarque. Il était frustré, comme tout ado qui voit ses rêves érotiques brisés alors même qu'ils étaient sur le point de se réaliser, mais était également déçu. Cette déception, bien plus profonde, était celle d'un jeune homme résigné qui soupirait en voyant s' éloigner un remède à son mal de vivre.
*Il reste toujours la corde. J'ai entendu dire que ça excite pas mal aussi*